LA POLLUTION LUMINEUSE

On parle de pollution lumineuse lorsque l’éclairage artificiel est si omniprésent qu’il nuit à l’obscurité normale de la nuit. En effet, nos modes de vie ont entraîné une hausse constante de l’éclairage public ces 50 dernières années. Selon l’astronome italien Cinzano, la situation augmenterait de 5 % par an. Nous allons donc nous attarder ici aux impacts de cette pollution lumineuse.

1) Les impacts énergétiques de l’éclairage public :

D’après Dominique Birrien (ADEME), « quelles que soient les tailles des communes, l'éclairage public représente entre 16 et 20 % de la consommation électrique, un peu plus dans les petites collectivités. En 10 ans, on est passé d'un ratio de consommation annuelle de 70 à 91 kWh par habitant ; ce qui représente une forte augmentation, de l'ordre de 30 %. En revanche, la puissance par point lumineux a diminué. On aurait donc pu s'attendre à une baisse de consommation globale. Cela a été largement contrecarré par deux facteurs : l'augmentation du nombre de points lumineux (+ 30 %) et surtout l'augmentation de la durée d'éclairement. Dans les communes de moins de 10 000 habitants notamment, on est passé de moins de 1 000 heures d'éclairement par an à 2 600). »

2) Les impacts de la lumière artificielle sur la biodiversité et l’homme :

a. La faune :

- Perturbation des animaux nocturnes qui vivent, se nourrissent, se reproduisent la nuit : les rapaces nocturnes, les animaux lucifuges, les canards sauvages qui se nourrissent la nuit ainsi que les lapins…

- Perturbation du cycle de vie : la pousse du pelage, les mues de plume, la reproduction, la migration sont des périodes importantes et sont dépendantes de la sécrétion de mélatonine mise en œuvre par l’exposition à la lumière. Si on injecte de la mélatonine, un animal peut procréer à n’importe qu’elle saison. Eclairer revient à injecter de la mélatonine. C’est ce que l’on fait avec les poules, on les éclaire pour qu’elles pondent !

- Mortalité : les animaux éblouis sont souvent percutés par des voitures. Cette situation est devenue une technique de braconnage pour les calmars, par exemple, au large du Japon.

- La lumière attire : les papillons, par exemple, sont attirés par un stade de foot à 10, 15, 20 ou 50 km. C’est comme ceci que les papillons migrateurs ont pratiquement disparu. Les oiseaux également sont attirés et s’épuisent à tourner en rond autour d’un point lumineux.

- Adaptation, déséquilibre des espèces : certains animaux comme les pigeons ou les étourneaux se sont très bien habitués à l’éclairage public au détriment d’autres espèces telle que les moineaux. Ils deviennent, dans certains cas, un véritable fléau comme à Perpignan.

b. La flore :

- « Certaines lampes, notamment allogènes, émettent encore dans les ultraviolets. Or les UV pourraient casser l'ADN au sein de noyaux cellulaires des feuilles proches des lampes. » Florent Lamiot, écologue formateur en environnement

- « Selon une étude de la NASA, un arbre urbain produirait 20% d'oxygène en moins que son homologue en forêt ou campagne, et il vit trois fois moins vieux. », Florent Lamiot, écologue formateur en environnement

c. L’homme :

D’après les chercheurs de l'Université de Toronto nous passons 7h sous la lumière artificielle par jour en moyenne et se serai le plus important facteur à l'origine de l'augmentation des cancers.

- « Cette surexposition à la lumière artificielle aurait des effets sur le dérèglement nerveux et hormonal et pourrait favoriser les cancers. La production de mélatonine (hormone de régulation des rythmes chronobiologiques qui joue un rôle essentiel dans le métabolisme humain) serait ainsi freinée, perturbant, entre autres, le système immunitaire. Selon le docteur Jean-François Doré, de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (AFSSET), le cancer du sein pourrait être favorisé. Une étude sur les travailleuses de nuit a démontré la relation entre ce cancer et une exposition à la lumière de nuit. Avant de conclure : on sait qu’il y a un effet de l’éclairage nocturne sur la santé mais il reste beaucoup à faire. » (Pollution - Actu-Environnement.com - 26/09/2008 par S.FABREGAT)
 

3) Les impacts de la lumière artificielle sur le paysage nocturne :

• Persistance d’un halo lumineux et par conséquent perte de la nuit noire

•  Une différence nord-sud : « Quelle est l'étendue de la pollution lumineuse ? Des images satellites montrent une importante fracture nord-sud qui révèle que le nord a les moyens de gaspiller les ressources naturelles, alors que le sud n'a pas encore les moyens, mais y aspire. », Pierre Brunet administrateur de l'ANPCN

• Perte de 90% de la visibilité des étoiles

4) Comment réduire ces impacts ?

- Remplacement des vieilles lampes : 40 à 50% d’économie

- Installation de systèmes de réduction de puissance : 25 à 30 % d'économie.

- Mise en place de déclenchement automatique,

- Installation de dispositifs retro-réfléchissants,

- Emission de la lumière uniquement vers le bas

- Limitation horaire de l’éclairage,

- Sécurité routière : à méditer !

« Dans nos pays européens, 25 % des accidents de la route surviennent de nuit. Ce qui est remarquable, c'est que la Belgique se situe dans la moyenne européenne alors que ce pays éclaire beaucoup (tous les axes autoroutiers sont éclairés) et que l'Allemagne qui éclaire fort peu, présente le taux d'accident le plus bas. Ces résultats sont tirés d'un rapport ministériel du Ministère des transports belges qui commence à se poser des questions sur l'éclairage tous azimuts du réseau routier. On a oublié le balisage passif. Celui-ci est respectueux de l'environnement. Ce n'est peut-être pas très « hi tech », mais ces équipements ne consomment pas d'énergie et l'énergie non consommée est celle qui pollue le moins. On notera que l'Allemagne fait un usage immodéré de la signalisation réfléchissante. », Pierre Brunet administrateur de l'ANPCN.

On voit donc tout le potentiel des designers à trouver des solutions pour résoudre ces différents problèmes liés à l’éclairage public.